Métro, techno, promo : l’ascension express d’un ingénieur RATP
Nicolas, comment te présenter en deux mots ?
Je suis ingénieur automaticien de formation. J’ai intégré la RATP il y a un peu plus de vingt ans, à l’époque directement après mes études. Je n’ai jamais vraiment fait d’automatique dans mon métier, mais j’ai toujours été passionné par les systèmes techniques, les infrastructures de transport, et surtout, par les relations humaines au sein de l’entreprise.
Des débuts marquants dans une entreprise pas comme les autres
Qu’est-ce qui t’a marqué en arrivant à la RATP ?
Ce qui m’a le plus frappé en arrivant, c’est la culture d’entreprise. Dès le premier jour, on m’a dit « ici, on se tutoie », peu importe le grade. C’était assez inédit pour moi, et très révélateur de l’esprit qui y régnait. Et puis j’ai commencé dans un département très structuré, qu’on surnomme un peu « le département militaire » à cause de sa rigueur, des comptes-rendus à rallonge, des validations très formelles. C’était aussi un lieu où la culture de la sécurité est très forte, ce qui m’a beaucoup appris.
Ligne 1, MP 05, annonces automatiques… et fierté du travail accompli
Quelles sont les expériences les plus emblématiques dont tu peux nous faire part ?
Une des premières, c’est ma participation à l’acquisition du matériel MP 05, les rames automatiques de la ligne 1 du métro. J’étais tout jeune, deux ans d’ancienneté, et j’ai pu aller voir la fabrication des trains, les tester avant leur mise en service à Paris. Ce sont des moments qui restent. Autre expérience marquante : sur les MP 89, j’ai développé avec l’industriel les premières annonces automatiques dans les trains, avec des balises au sol. Avant ça, il n’y avait que des plans fixes, aucune information dynamique. C’est devenu la norme aujourd’hui, mais à l’époque, c’était une petite révolution. J’étais fier d’y contribuer, même à mon niveau.
Tu as ensuite changé de poste...
Oui, je suis passé à l’atelier de Saint-Ouen. Là, c’était tout autre chose : du management opérationnel, de la gestion humaine, de la production. C’est intense, très prenant, avec des aléas permanents. C’est un métier où tu ne sais jamais sur quoi tu vas tomber le matin. Mais j’ai adoré. C’est exigeant, mais extrêmement formateur. Aujourd’hui, je suis sur des missions plus stratégiques, avec un management de 12 cadres dans des temporalités plus longues. Je ne fais plus directement de technique, mais je supervise les équipes qui conçoivent les matériels de demain.
« Ce serait un aboutissement de piloter une nouvelle génération de matériels roulants »
Et la suite, tu l’envisages comment ?
J’ai envie de faire du projet. J’en ai fait un peu, mais pas dans le sens « chef de projet » sur des acquisitions complètes. Ce serait un aboutissement pour moi de piloter une nouvelle génération de matériels roulants. On renouvelle à peu près tous les dix ans, donc il y a toujours du mouvement. Je m’intéresse aussi à la stratégie et à l’innovation, des domaines que j’aimerais explorer davantage.
Et l’école dans tout ça, quel rôle a-t-elle joué dans la création de ton parcours ?
L’ESME m’a beaucoup apporté sur le plan de l’ouverture d’esprit, de la capacité d’adaptation. Et puis il y avait une vraie notoriété : à mon arrivée, on m’a reconnu comme un « Sussu ». Des anciens de l’école étaient déjà en place et m’ont indirectement aidé, sans piston, mais par la confiance que l’école inspirait.
As-tu gardé des liens avec tes camarades de promos ?
Très peu. Nous nous sommes tous un peu dispersés après la fin des études. Je ne suis pas resté proche du réseau, mais en participant à cet échange aujourd’hui, je me dis que c’est peut-être l’occasion de recréer un lien, de transmettre un peu. D’autant que j’ai déjà, par le passé, participé à des forums de recrutement pour représenter la RATP. Aujourd’hui, je vois ça comme une façon d’apporter quelque chose, même modestement, à la génération suivante. A suivre...
Conseil aux futurs diplômés : « Soyez assidus, investissez-vous, tout en vous amusant »
Du haut de tes 20 ans d’expérience, quel conseil donnerais-tu aux futures générations d’ingénieurs diplômés de l’Ecole ?
Profitez à fond de vos années d’études. Ce sont trois années cruciales, qui conditionnent énormément de choses ensuite. Soyez assidus, investissez vous, tout en vous amusant. C’est le moment de se construire personnellement et professionnellement. Et surtout, gardez l’esprit ouvert : cette formation ouvre à des carrières très variées. J’ai des amis de promo qui sont chez Bouygues, dans le bâtiment, à l’opposé de ce que je fais. Il y a une vraie richesse de débouchés.
Tu es quelqu’un de très modeste, c’est tout à ton honneur, mais tu sais, on apporte souvent plus qu’on ne croit ...
Peut-être. Je pense que c’est dans l’échange qu’on transmet le plus. Pas dans des leçons générales, mais dans le récit d’expériences concrètes qui peuvent faire écho chez quelqu’un d’autre. Si ça peut servir à quelqu’un, alors tant mieux.

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